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L’Âge du fer en Basse-Normandie. Actes du XXXIIIe colloque international de l’AFEAF ; Caen, 20 au 24 mai 2009. Barral (P.), Dedet (B.), Delrieu (F.), Giraud (P.), Le Goff (I.), Marion (S.), Villard-Le Tiec (A.) dir.Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2010, 336 p. (Annales littéraires, n° 883 ; Série « Environnement, sociétés et archéologie », n° 14) la Culture matérielle de l'Âge du Fer : un outil de réFlexion sur les sites d'habitat de basse-normandie Chris-CéCile Vauterin, Karine Chanson, nolwenn Zaour, lénaïg Féret, solenn le Forestier Résumé La création et l'alimentation d'une base de données dans le cadre des recherches collectives de l’UMR 6566 axées sur « les mobiliers du Second Âge du fer dans l’Ouest de la France » a permis de procéder à une première réflexion sur le thème de la culture matérielle des sites d'habitat clos du Second Âge du fer en Basse-Normandie. C'est à partir d'une appréciation fonctionnelle et spatiale des divers mobiliers qu'un premier bilan a pu être dressé sur les différentes activités pratiquées et sur des éventuelles différenciations d'un ensemble à l'autre. Cette première approche a permis d'aborder par ce biais le sujet délicat du statut d'un habitat, à l'échelle du site même, à l'échelle d'une entité géographique comme celle de la Plaine de Caen et à l'échelle de la Basse-Normandie. Abstract The making and completing of a database within the context of a collective research project (UMR 6566) called "Furniture of the Late Iron Age in the West of France" allows irst thoughts about the material culture of closed settlements of the Late Iron Age in Lower Normandy. The functional and spatial evaluation of various objects gave irst results concerning various activities carried out on these sites and as well as possible differences within from one group to the other. This irst approach helped to tackle the sensitive question of the status of a settlement, on the scale of site itself, on the scale of a geographical entity like the Plain of Caen as well as on the scale of Lower Normandy. Chris-Cécile Vauterin, INRAP/UMR 6566 CReAAH, Centre archéologique de Basse-Normandie, Boulevard de l'Europe, 14540 Bourguébus. chris-cecile.vauterin@inrap.fr, Karine Chanson, INRAP/UMR 6566 CReAAH, Centre archéologique de Basse-Normandie, Boulevard de l'Europe, 14540 Bourguébus. karine.chanson-bertolio@inrap.fr, Nolwenn Zaour, INRAP/UMR 5060 LMC, Centre archéologique de Basse-Normandie, Boulevard de l'Europe, 14540 Bourguébus. nolwenn.zaour@inrap.fr Lénaïg Féret, INRAP/UMR 6566 CReAAH, Centre archéologique de Haute-Normandie, 30 Boulevard de Verdun, 76120 Le Grand Quevilly. lenaig.feret@inrap.fr Solenn Le Forestier, INRAP/UMR 6566 CReAAH, Centre archéologique de Bretagne, 37 Rue du Bignon, CS 67737, 35577 Cesson-Sévigné Cedex. solenn.le-forestier@inrap.fr 203 L’Âge du fer en Basse-Normandie 1. introduCtion Dans le cadre des recherches collectives de l’UMR 6566 axées sur « les mobiliers du Second Âge du fer dans l’Ouest de la France » sous la coordination d'Yves Menez, il avait été proposé de mettre en place une base de données générale adaptée à ceux-ci. Elle devait permettre d'aller plus loin dans l'enregistrement des mobiliers que l'inventaire mis en place à l'occasion de l'enquête nationale sur les sites ruraux du Second Âge du fer, présenté lors du colloque AFEAF de Chauvigny (Blancquaert et al. 2009). Le but, outre de pouvoir se former une image de tout le matériel issu de cette période, était de rassembler les données disponibles et d'en extraire des comparaisons d'un lot à l'autre, de tenter d’en tirer des informations invisibles au sein du site seul et de dresser un bilan sur les différentes activités représentées sur les sites d'habitats régionaux et interrégionaux. La mise en place et l’utilisation de cette base de données pour la Basse-Normandie, à l’occasion du colloque de l’AFEAF de Caen, ont permis de tester celle-ci à un niveau régional. Si quelques rectiications ont dû être apportées à son élaboration et aux enregistrements des données, son utilisation à ce niveau a déjà laissé observer toute son utilité, tant sur la mise à disposition des informations que sur la visualisation de nouvelles images d’ensembles. Pour cette étude portant sur les objets et instruments de la vie quotidienne a été créée une base de données sous le logiciel FileMakerPro (ig. 1). Le but était de recenser tous les mobiliers enregistrés dans les rapports et articles concernant les sites d'habitat de l'Âge du fer en Basse-Normandie, renseignés aussi bien par les fouilles préventives, programmées que bénévoles. Dans cet enregistrement ont été pris en compte tous les mobiliers réalisés en matière non périssable, c'est-à-dire le métal, l'os, la terre cuite, le lithique, le verre, le lignite… En revanche, la vaisselle en terre cuite et le monnayage en ont été exclus1. Ces divers mobiliers prendront ici la dénomination générale d’instrumentum par analogie avec les études réalisées pour les périodes antiques et dans un objectif de globalisation des différentes activités rencontrées. L'enregistrement des données se fait dans un ordre croissant de précision vers l’objet, en partant des informations générales du site (commune, lieu-dit, numéro de site, coordonnées Lambert, responsable de fouille…), puis celles du contexte de la fouille (type de site, période) et inalement celles liées à l’objet luimême. Il s’agit là de répertorier ses spéciicités essentielles et non plus de l’inventorier selon des critères purement numériques (dimensions, poids…). Il est donc nécessaire, avant de le répertorier, de tenter d’en déinir la fonction pour pouvoir le placer dans une catégorie définissant un type d’activité. 1. Le choix a été fait ici de ne pas prendre en compte les monnaies, bien qu’elles attestent indéniablement des échanges possibles de certains sites ou habitats. En effet, le but de cette recherche est de tenter d’identiier les activités ou le statut d’un site en fonction de sa culture matérielle. Plus exactement, ceux-ci sont déterminés en fonction des objets utilitaires rencontrés sur les sites d’habitat, de leur quantité et de leur diversité. De plus, la monnaie ne semble circuler qu’en faible nombre sur l’ensemble des sites des dernières phases de La Tène, et d’autant moins sur les établissements ruraux (Nillesse 2009, p. 74). Ce constat est également valable pour la majorité des sites pris en compte. INSTRUMENTUM BASSE-NORMANDIE AFEAF, CAEN 2009 commune département lieu-dit n° de site Fleury-sur-Orne INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES surface décapée Calvados (14) Périphérique sud 14271014AH coordonnées X inventaire du mobilier oui non coordonnées Y dessin/photo oui non altitude lier responsable d'opération organisme de rattachement type de site chronologie générale type de fouille catégorie nature matériaux datation contexte Guy San Juan SRA lier lier fouille rapport habitat enclos La Tène finale - gallo-romain précoce fouille préventive 20. objets personnels 20.7 : fibule fer gallo-romain précoce lieu de stockage disponible datation objet fin 1er siècle av. J.-C. - 1er siècle rédacteur nmi 2 nr 2 description p. 25 : zone C - fosse 1 : "Une fibule en fer, pourrait dériver du type d'Aucissa apparaissant sous Auguste. Une fibule en fer, Ier siècle avant J.-C. (fibules incomplètes)". oui non Lénaïg Féret date de création 26/02/2009 23:08:11 date de modification 29/03/2010 18:17:02 bibliographie San Juan et al. 1994 : p. 155 : "fibule en fer incomplète, à ressort nu et corde interne. L'arc de section ronde est coudé à la tête puis rectiligne dans sa partie conservée. Cette fibule peut être rapprochée du type 4c dont la chronologie se placerait entre 80/60 et 20/10 av. J.-C.. on peut aussi se référer au type 3b dont le contexte chronologique n'est pas antérieur au règne d'Auguste. Leur usage couvre le 1er siècle ap. J.-C." (fig. 24, n° 5). "Fibule en fer, probable variante du type 22a2a (type d'Aucissa) dont la chronologie se placerait entre le milieu de la deuxième moitié du 1er siècle av. J.-C. et la fin du règne d'Auguste." (fig. 24, n° 9). - San Juan et al. 1994 : SAN JUAN (G.), MENIEL (P.), ALDUC-LEBAGOUSSE (A.), PILETLEMIERE (J.), JAHIER (I.) (coll.), Un établissement rural du Ier siècle avant J.-C. à Fleury-sur-Orne (Calvados) ; Revue Archéologique de l'Ouest n° 11, 1994, p. 131-164. NEW AIDE thesaurus << commentaire Seconde phase d'occupation du site, datée de la période du gallo-romain précoce, du dernier quart du 1er siècle av. J.-C. jusqu'à la fin de la première moitié du 1er siècle de notre ère. Fig. 1 : exemple d’une iche de la base de données. 204 >> listing Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie Bessin 8 18 17 24 9 16 15 22 25 23 28 37 47 12 Pays d’Auge 14 13 7 Caen 30 27 26 40 Manche 41 10 48 Calvados Plaine de Caen 42 33 6 39 46 34 45 36 Orne 49 35 21 1 19 20 11 5 31 43 32 44 29 4 2 3 38 0 n° 1 2 3 4 5 commune Mondeville / Giberville Mondeville Mondeville Mondeville Cormelles-le-Royal 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Falaise Fierville-les-Parcs Saint-Pellerin Les Veys Condé-sur-Ifs Mondeville Putot-en-Bessin Quetteville Quetteville Saint-Benoît-d'Hébertot Saint-Gatien-des-Bois Montgardon Saint-Symphorien-le-Valois Buré Buré Caen Courseulles Barbeville Mosles dépt 14 14 14 14 14 14 14 50 50 14 14 14 14 14 14 14 50 50 61 61 14 14 14 14 nom du site Le M.I.R. Le Haut-Saint-Martin L'Etoile 1 L'Etoile 2 Echangeur périphérique sud / aire des gens du voyage L'Attache Le Pré de la Val La Fourchette 2 Le Haut Clos La Bruyère du Hamel L'Etoile 3 Echangeur Les Heurtries II La Gohaigne Tontuit Le Vert Buisson La Bannerie La Valoiserie La Houssaye La Sarthe ZAC Beaulieu La Fosse Touzé L'Entretenant La Pièce du Pressoir n° 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 km commune dépt nom du site Mosles 14 La Vignette Agneaux 50 Bellevue Hébécrevon 50 La Couesnerie Saint-Martin-des-Entrées 14 Le Parc sur l'Herbage Fleury-sur-Orne 14 Parc d'Activités Hérouvillette 14 Contournement RD 513 Ifs 14 Object'Ifs sud ensemble 5 Ifs 14 Object'Ifs sud ensemble 6 Gouvets 61 La Bruyère de Rousseville Plomb 50 Le Champ du Puits Neuville-près-Sées 61 Les Ruisseaux Marcei 61 Le Maréchal Creully 14 Le Clos de l'Épinette Saint-Martin-de-Fontenay 14 RD 562 Saint-Martin-de-Mieux 14 Vallembras Bricqueville-la-Blouette 50 La Roguerie Orval 50 Les Pleines Falaise 14 Expansia Ifs 14 AR 67 Fleury-sur-Orne 14 ZL7 / CD 120 Plomb 50 Le Prés en Pente Nécy 14 La Hoguette, La Martinière Thaon 14 Giéville 50 La Bigne Mortrée 61 Le Pré du Palluel Fig. 2 : localisation des sites. 205 L’Âge du fer en Basse-Normandie À l’intérieur de cette catégorie, des divisions en sous-catégories permettent de spéciier plus inement cette fonction. Enin, au sein de cette sous-catégorie, l’objet est alors « rangé » selon la nature de son utilisation. Ainsi, pour exemple, une faucille reconnue comme telle sera placée dans la catégorie liée à l’agriculture, puis dans la sous-catégorie des objets permettant d’éliminer, entretenir, récolter les végétaux, puis dans le groupe des faucilles (nature de l’objet). Ce mode de classiication qui consiste à cataloguer les objets selon la catégorie d'utilisation, ainsi que leur appellation et leur descriptif, sont fortement inspirés des travaux de J.-P. Guillaumet et d'O. Nillesse (Guillaumet 2003 ; Guillaumet et Nillesse 2000 ; Nillesse 2009). Il permet de cerner les types d’activités qui ont été exercées au sein du site, puis selon les zones géographiques, d'en déduire leur niveau d’importance les unes par rapport aux autres. Dans cette démarche, le thesaurus mis en place par O. Nillesse pour le mobilier de l’Âge du fer de l’Ouest de la France a été repris comme base de travail, bien que des aménagements aient été apportés en fonction des mobiliers et de leurs spéciicités régionales. Enin, toute description rencontrée dans les rapports de fouille est reportée sur la iche ain d’apporter le plus de compréhension possible à l’objet, mais aussi à son contexte. Une partie réservée aux informations complémentaires permet d’y associer des photos ou des plans, de connaître la disponibilité du matériel enregistré ainsi que d’éventuels éléments bibliographiques sur l’objet lui-même. Un cadre dédié à l’enregistrement de chaque iche permet de renseigner sur la date et le nom de l'auteur. À la suite de cet inventaire et face à une inégalité des données disponibles, le choix a été fait, dans le cadre de cette étude, de resserrer la rélexion sur les habitats enclos du Second Âge du fer. Ont été pris en compte les sites fouillés après 1991, date de la parution du premier Bilan Scientiique Régional, jusqu'au début 2009 (les opérations au-delà étant encore en cours d'étude)2. En raison d'une documentation trop lacunaire, les données issues de diagnostics et celles concernant les sites ouverts et les sites de hauteur n'ont pas été prises en compte ain d'apporter une cohérence dans l'approche comparative. Au inal, quarante-neuf sites ont été retenus, rassemblant plus de 80 % du millier d'objets recensés (ig. 2). De plus, s'agissant d'une étude sur l'instrumentum domestique, tout mobilier issu de contexte funéraire ou de lieu cultuel a été écarté. Après l'enregistrement des données, l'étape suivante a consisté en la réalisation de cartes de répartition des mobiliers selon les catégories fonctionnelles. Cette démarche a permis une première rélexion sur la représentativité et la diffusion spatiale de chacune à l'échelle de la Basse-Normandie, puis à l'échelle de certaines entités géographiques comme celle de la Plaine de Caen. L'un des premiers constats dégagés dans cette approche cartographique est celui de la diversité des matériaux retrouvés. En effet, la présence d'objets de toutes tailles, même la plus petite, implique que la nature des sols bas-normands ne semble pas défavorable à la préservation des mobiliers, comme cela peut être le cas pour les objets métalliques dans les régions à sol acide. Un petit bémol peut cependant être émis pour les sites 2. Nous souhaitons remercier les personnes qui nous ont aidées dans ce travail et notamment tous nos collègues qui nous ont donné toutes les précisions possibles sur leurs fouilles pour remplir la base de données. 206 du département de la Manche, dont les sols schisteux se sont révélés moins propices à cette conservation. Dans les premières rélexions exposées ci-dessous sur la représentativité des différentes catégories de mobiliers, il faut garder en mémoire qu'il ne s'agit là que d'une approche introductive d'un travail en cours. La rélexion ne peut que s'enrichir au fur et à mesure de l'alimentation de la base de données, d'un amendement de la documentation des sites d'habitats autres que les enclos et d'une meilleure précision des données intégrées, comme par exemple l'afinement chronologique des ensembles mobiliers clos. 2. l’outillage agriCole (ig. 3 et 4) L'outillage en rapport avec l'agriculture est abordé à travers trois catégories qui déinissent les différents travaux des champs : l'élevage, le travail du sol et l'entretien et la récolte des végétaux. 2.1. l'élevage Si l'élevage est indéniablement attesté par de nombreux restes de faune domestique rejetés dans les différentes excavations de l'habitat, cette activité n'est pas représentée dans l'outillage bas-normand par un appareillage spéciique tel que sonnaille ou entrave. D'ailleurs, pour l'Ouest de la France, les seuls exemples mentionnés sont une sonnaille à Cabariot « Mortantambe » en Charente-Maritime et une boucle d'entraves à Fontenay-le-Comte « Les Genâts » en Vendée (Nillesse 2009, ig. 2, 22-23). D'autres pièces qui peuvent faire référence à l'élevage comme des anneaux nasaux ou des chaînes, ne sont pas non plus connues sur les sites bas-normands, ou en tout cas pas identiiées en tant que tels. Ce sont donc en premier lieu les études archéozoologiques qui nous renseignent sur cette activité, lorsque les restes osseux sont conservés. Dans la partie nord de la Plaine de Caen, secteur favorable à la conservation des os, il s'avère que l'élevage est essentiellement tourné vers le bœuf, le porc, le mouton et la chèvre, en moindre mesure le cheval et le chien. Sur les sites de Mondeville « L'Étoile » par exemple, on constate une prédominance de l'élevage bovin dans les phases laténiennes tardives. Un autre constat est celui de la consommation d'animaux d'élevage relativement jeunes qui témoignerait d'une certaine aisance de la population (Auxiette in Besnard-Vauterin 2009a). 2.2. le travail du sol Bien que le registre de l'outillage en rapport avec le travail du sol soit assez vaste, comprenant houe, croc à dents, bêche, araire, soc araire et curette, les découvertes bas-normandes sont plutôt rares. Elles sont essentiellement représentées par des socs araires mais leur nombre reste tout de même limité à onze pièces. Sur les sept sites enregistrés, quatre se situent au nord de la Plaine de Caen et plus particulièrement au sud-est de Caen. Il s'agit pour la plupart de socs de petites dimensions (moins de 15 cm) qui seraient plutôt assimilables à un travail supericiel de la terre comme le traçage de sillons pour le semis (Guillaumet et Nillesse 2000, Nillesse 2009). Un seul, en provenance de Quetteville « La Gohaigne » (Lepaumier 1998), présente une longueur de plus de 20 cm et une largeur de 8 cm, permettant un labourage plus profond. Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 15 25 14 23 28 13 37 47 12 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 19 20 1 11 5 31 43 32 29 44 38 2 4 3 entretien/récolte des végétaux travail du sol Mondeville - l'Etoile 1 Del . M. Besnard / INRAP-2005 0 50 km Thaon Quetteville - La Gohaigne 0 10 cm Fig. 3Fig. : l’outillage agricole. 3 - l’outillage agricole Le reste de l'outillage est représenté par deux bêches ou pelles ferrées, l'une à Quetteville « La Gohaigne » et l'autre à SaintGatien-des-Bois « Le Vert Buisson » (Paris 1997), ainsi que par une houe, en provenance de Mondeville « Le M.I.R. » (Leroy et Peuchet-Geilenbrugge 1995). Les bêches étant destinées au labourage profond de la terre et la houe au binage, ces deux outils sont peut-être plutôt associés au travail manuel du pota- ger qu’à celui des champs, comme le soulignent certains auteurs à propos de la bêche en opposition au rendement plus important des socs araires tractés (Nillesse 2009, Chanson 2009). Les contextes chronologiques dont sont issues les découvertes bas-normandes renvoient tous, s'ils sont précisés, à des phases tardives de La Tène, c'est-à-dire le Ier siècle av. J.-C. voire la seconde moitié de celui-ci. 207 L’Âge du fer en Basse-Normandie Mondeville - l’Etoile 3 Del . M. Besnard / INRAP-2005 Marcei - Le Maréchal Caen - ZAC de Beaulieu Del . M. Besnard / INRAP-2005 Saint-Gatien-des-Bois - Le Vert Buisson 0 10 cm Fig. 4 : l’outillage agricole. 2.3. l'entretien et la récolte Le travail en rapport avec l'entretien et la récolte des végétaux est l'activité agricole la mieux représentée sur les sites bas-normands. Comptant en tout trente et un outils, ceux-ci incluent quatre faux, neuf faucilles, onze serpes ou serpettes, six haches à douille et une scie à élaguer, chaque type ayant ses spéciicités dans les différentes activités (Nillesse 2009). Parmi eux, la faux est aussi l'un des témoins indirects de l'élevage, puisque cet outillage sert dans la coupe des foins. Notons ici que cette catégorie renferme également les faucards, comme les exemples de l'ensemble 5 d'Ifs « Object'Ifs Sud » (Le Goff 2000-2002) et de Caen « Beaulieu » (Besnard-Vauterin et Navarre 2008). La lame de ces derniers est montée sur une douille formant un angle, contrairement à la faux, dont la lame est dans le prolongement du manche. À la différence des faux, le faucard serait plutôt adapté, d'après O. Nillesse, à la coupe de végétaux en marais ou bien sur des surfaces en pente comme les lancs de fossés. Mais il ne faudrait peut-être pas se limiter à la seule partie métallique pour son interprétation. En effet, l'outil a pu être doté d'un autre système d'emmanchement permettant une coupe à l'horizontale. En Basse-Normandie, il semblerait en tout cas qu'il s'agisse essentiellement de faucards. 208 Fig. 11 : distributions des âges d’abattage des bovins des sites de Fleury-sur-Orne « périphérique sud de Caen » et d’Object’Ifs Sud Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 25 23 28 37 47 12 15 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 31 43 32 29 44 38 2 19 20 4 3 peson fusaïole aiguille 0 50 km Fig. 5 : travail du textile. Pour la catégorie de serpes et serpettes, on souligne l'usage polyvalent de ce type d'outils, pas seulement limité au domaine de l'agriculture. Ce petit outil a dû trouver place dans des tâches très diverses de la vie quotidienne, dont la fabrication de vannerie, bien que celle-ci n'ait laissé aucune trace. On constate que l'ensemble de ces outils est assez bien représenté, puisque igurant sur un peu plus de la moitié des sites bas-normands. Tout comme l'outillage lié au travail du sol, la grande majorité des pièces provient des habitats du nord de la Plaine de Caen, et plus particulièrement des fermes au sud-est de l'agglomération caennaise (huit sites sur douze, parfois plusieurs pièces par site). En termes de chronologie, les faucilles et les serpes/serpettes apparaissent dès La Tène ancienne, comme à Marcei « Le Maréchal » dans l'Orne (Jahier 2005, ig. 38) et dans la première phase du site 1 de Mondeville « L'Étoile » (BesnardVauterin 2009a, ig. 79, 1-2). En revanche, les autres outils sont exclusivement associés à des contextes de La Tène inale, voire à la transition avec la période gallo-romaine, comme c’est le cas pour la seule scie retrouvée, en provenance de Fleury-surOrne « CD 120 » (San Juan et al. 1994, ig. 25, n° 4). 3. le traVail du textile (ig. 5) Le travail du textile est documenté d'abord par la découverte de fusaïoles et de pesons. D'autres indices, carpologiques ou archéozoologiques, peuvent venir en complément en apportant des précisions sur l'agriculture et la production de ibres d'origine végétale ou animale. La culture de plantes ibreuses et l'élevage d'ovinés ou de caprinés en sont donc des traces indirectes, comme c’est le cas sur les sites de Mondeville « L'Étoile » (Sehier in Besnard-Vauterin 2009a, p. 119). Les forces, outils polyvalents qui peuvent être employées pour la tonte des animaux, ne nous sont parvenues que sur deux habitats bas-normands (deux fragments à Fleury-sur-Orne « CD 120 » et une lame seule à Mondeville « Le M.I.R. »). Dans la fabrication des textiles, les fusaïoles sont employées pour le ilage des ibres. Dans cette pièce percée se trouve normalement une tige ou fuseau permettant de donner la rotation à l'instrument ain de iler les ibres et de les enrouler. Dans la région, seules les fusaïoles, au nombre d'une vingtaine, sont conservées. Elles sont essentiellement en argile cuite, exception faite d’un exemplaire en calcaire à Fleury-sur-Orne « Parc d'Activités » (Paëz-Rezende 2001) et peut-être d'un autre à Marcei « Le Maréchal », malgré sa forte ressemblance avec un fossile d'ammonite. De manière plus marginale, quelques fusaïoles sont taillées dans des fragments de poteries. 209 L’Âge du fer en Basse-Normandie Les pesons ou poids sont les outils nécessaires pour le lestage des ils sur un métier à tisser vertical à poids (Séhier 2009). Ils sont donc le témoin de la fabrication des tissus. La quarantaine de pièces enregistrées en Basse-Normandie3 sont également très majoritairement en terre cuite. Seuls trois sites, dont à nouveau Marcei « Le Maréchal », Fleury-sur-Orne « CD 120 » et Mondeville « Le M.I.R. » ont livré des pesons en calcaire. C'est également sur le site de Fleury-sur-Orne « CD 120 » qu'est mentionnée la seule aiguille connue (San Juan et al. 1994, p. 154, ig. 24-4). Fabriquée en fer, la pièce ne présente néanmoins pas de chas pour passer le il. À moins que celle-ci soit fracturée, un autre usage que la couture des tissus pourrait lui être attribué. À travers l'ensemble de ces outils, bien que leur nombre soit toujours limité à un ou quelques-uns par site, le travail du textile s'afiche comme une activité quasi systématiquement représentée sur les habitats bas-normands, et cela tout au long du Second Âge du fer. Ils attestent une activité domestique omniprésente, qui répond sans doute aux besoins directs des habitants des sites. 4. le traVail de mouture (ig. 6) Le travail de mouture est documenté par les restes de meules à va-et-vient, rotatives, ainsi que par la présence de broyons et autres bouchardes. Bien que ce type de mobilier n'ait pas encore fait l'objet d'une étude approfondie en Basse-Normandie, une première approche récente a permis d'ouvrir quelques perspectives (Zaour et al., à paraître). à va-et-vient et certains d'entre eux sont même directement associés à des meules rotatives comme par exemple à Bricqueville-la-Blouette (Lepaumier 2008, p. 90). Ce rapprochement illustre peut-être l'utilisation de ces artefacts en bouchardes comme l'ont suggéré C. Pommepuy et S. Godeffroy (Malrain et Pinard 2006, p. 155) pour la vallée de l'Oise. Pour la région, la majorité des meules gauloises est en granite. On recense également quelques éléments en arkose, en calcaire ou encore en poudingue. Molettes, broyons et bouchardes sont quant à eux le plus souvent en grès. Il est possible que différents usages aient présidé aux choix des matériaux dans lesquels ont été confectionnées les meules. Ces différents matériaux permettent également de se faire une idée sur les circuits d'approvisionnement de ces outils de mouture. Les meules en granite ou en arkose pourraient trouver leur origine dans les régions géologiquement liées au Massif armoricain (granite du Bocage virois et d'Athis). Le poudingue provient très probablement du Pays d’Auge et de l'Orne. Quant au calcaire, roche constituant le sous-sol de la Plaine de Caen, des études plus approfondies devraient permettre d’afiner la ou les zones d’origine potentielle. Pour l’instant, aucun site de production n’a été identiié dans la région, mais dans le département de l’Eure, en Haute-Normandie, a pu être étudié un petit atelier de mise en forme de meules rotatives en poudingue en marge d’un habitat rural augustéen (Guillier et al. 2005). Cet exemple montre que dans cette partie de la Gaule, certaines meules devaient être produites au sein de petites unités, sans doute en compléments d’autres activités. Sur quarante-neuf enclos du Second Âge du fer, trente-six ont livré des éléments de cet outillage. Sur ce plan, et en comparaison aux autres activités domestiques identiiées sur ces établissements, broyer et moudre seraient deux des activités les mieux représentées dans la région pour cette période. Pour autant, il ne s’agit seulement, à chaque fois, que de quelques pièces ou dizaines de pièces par site. 5. le traVail du bois, de la Céramique, Il faut tout d'abord noter que la plupart des meules bas-normandes sont en mauvais état et ne permettent que rarement une identiication précise de leur mode de fonctionnement. Cependant, lorsqu'elles sont identiiées, il apparaît que, si les meules à va-et-vient en usage depuis le Néolithique se retrouvent majoritairement dans les contextes les plus anciens, elles côtoient également les meules rotatives bien après leur arrivée, comme le montrent les exemplaires des sites de Mondeville « L'Étoile » (Besnard-Vauterin 2009a, p. 115-118). Diverses utilisations pourraient alors expliquer la coexistence à la in de l'Âge du fer entre meule à va-et-vient et moulin rotatif. Mais à défaut d'étude tracéologique, il n'est pour l'instant pas possible de les préciser. Ces meules rotatives apparaissent donc au cours du Second Âge du fer comme dans le reste de la Gaule. Ainsi, ces dernières sont attestées au sein des habitats enclos dès le IIe siècle av. notre ère, bien qu'un contexte, celui de l'ensemble 5 du site d'Ifs « Object'Ifs Sud », semble renvoyer à une datation de la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C. (Le Goff 2000-2002, p. 330). Cette activité est indéniablement attestée par divers outils. Ainsi, l’herminette, polyvalente dans les tâches à exécuter, mais toujours liée au bois, apparaît sur plusieurs sites bas-normands. Ce type d’outil est utilisé depuis la Préhistoire, mais pour la période couverte ici, c’est surtout à partir de la in de La Tène moyenne qu’il est rencontré, comme à Mondeville « Le M.I.R. » où un exemplaire se trouve au milieu d’un dépôt d’une soixantaine d’objets métalliques. Les trois autres pièces identiiées, dont celle de Caen « Beaulieu » également associée à un dépôt, sont plutôt liées à des contextes de La Tène inale. Si la forme générale de ces quatre pièces est très proche, leurs dimensions variables attestent d’activités diverses. Ainsi, le petit modèle de Marcei « Le Maréchal » (Jahier 2005, ig. 38) avec ses 8 cm de longueur totale et sa douille de 12 mm de diamètre seulement laisse présager d’un travail in et de précision plus que d’une mise en œuvre de pièces de charpente. Outre ces meules, un grand nombre de molettes et broyons, traditionnellement associées aux activités de mouture, a été découvert. Ils ne sont pas systématiquement liés à des meules 3. À cela s'ajoute la récente découverte d'un lot d'une vingtaine de pesons sur le site de Fleury-sur-Orne « Les Mézerettes/ZL7/CD120 » (H. Lepaumier). Le mobilier de ce site n'est pas encore inventorié dans la base de données et l'étude du matériel est en cours. 210 du Cuir et les restes de briquetage (ig. 7 et 8) 5.1. le travail du bois La gouge et le ciseau sont également présents sur plusieurs sites bas-normands. Il est possible d’utiliser ce genre d’outils pour travailler d’autres matériaux. Cependant, les exemplaires rencontrés ici, en raison de leur tranchant constitué d’un seul biseau, semblent bien plus adaptés au travail du bois (Boucard 2006, p. 156, 349). Présentant majoritairement un emmanchement à douille, ils peuvent également être constitués d’une tige unique et massive permettant alors une percussion directe. C’est le cas du ciseau de Fleury-sur-Orne « CD 120 » (San Juan Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 18 8 24 25 9 17 23 16 15 22 37 47 28 12 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 33 6 42 39 46 34 45 36 35 49 21 19 20 1 11 44 5 31 32 29 38 4 3 2 43 indéterminé meule à va-et-vient meule rotative molette/boucharde Cormelles-le-Royal - Aire des Gens du Voyage Briqueville-la-Blouette - La Roguerie 0 50 km Mondeville - l’Etoile 1 Fig. 6 : travail de mouture. 211 L’Âge du fer en Basse-Normandie 16 18 22 8 17 24 9 15 25 23 28 37 47 12 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 31 43 32 44 29 19 20 4 3 2 restes de briquetages travail de la peau et du cuir 38 travail de la céramique 0 travail du bois Languettes 50 km Palets Godets Mondeville, l’Etoile 1 DAO. M. Besnard / INRAP-2005 0 10 cm Fig. 7 : travail du sel. et al. 1994, ig. 24-7), dont la petite taille oriente plutôt son emploi vers des travaux de précision. Comme pour les herminettes, les ciseaux et les gouges sont parfois rencontrés en contexte de dépôts intentionnels. Deux exemples illustrent ce cas, celui d’un ciseau retrouvé à Mondeville « Le M.I.R. » issu du même dépôt que l’herminette mentionnée plus haut, et celui de la grande gouge du site 3 de Mondeville « L'Étoile » (Besnard-Vauterin 2009a, ig. 87-3). Cette dernière, à emmanchement à douille mais à tige inhabituellement longue (35 cm), peut s’apparenter à une possible tarière, dont l’utilisation ne se ferait plus pour creuser une surface de bois mais pour forer au cœur de la masse. 212 De cet ensemble d’outils liés au travail du bois semble émerger une grande diversité d’utilisation caractérisée par l’emploi d’objets différents, mais également par des morphologies et des tailles variables. Toutefois, au regard des quarante-neuf sites pris en compte, seuls neuf ont livré ce type de mobilier, constituant un ensemble d’à peine plus d’une douzaine d’objets. Ce corpus paraît alors bien faible au vu de l’importance que devait représenter cette activité, notamment dans la construction et l’entretien des bâtiments. En ce qui concerne sa répartition spatiale, il est intéressant de noter que ce mobilier ne se retrouve qu’en Plaine de Caen, à l'exception du petit ciseau de Marcei « Le Maréchal ». Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie Travail du cuir Travail du bois Marcei, Le Maréchal Thaon, enclos 3 Travail de la céramique Mondeville, l'Etoile 3 Del . M. Besnard / INRAP-2005 Mondeville, l'Etoile 3 Del . M. Besnard / INRAP-2005 Falaise, l'Attache Caen, Beaulieu Del . M. Besnard / INRAP-2005 0 10 cm Fig. 8 : travail du cuir, de la céramique et du bois. 5.2. le travail de la céramique Bien que la céramique soit omniprésente parmi les mobiliers recueillis, sa fabrication n’a laissé que très peu de traces sur les sites bas-normands. Les quelques vestiges s’y rapportant se résument à deux très probables lissoirs. Le premier, issu du site de Falaise « Expansia » (Besnard-Vauterin 2006a), se présente sous la forme d’un galet en roche volcanique portant sur sa face plane de nombreuses stries visibles à la binoculaire. Un second lissoir, en grès cette fois, à Condé-sur-Ifs « La Bruyère du Hamel » (Dron et Zaour 2008), clôt la liste des outils dédiés à cette activité. Par ailleurs, des analyses pétrographiques effectuées sur certaines céramiques (Savary in Besnard-Vauterin 2009a, p. 101113) attestent l’emploi d’argiles locales ou régionales pour leur fabrication. Dans les séries de la Plaine de Caen par exemple, les productions locales à pâte bioclastique peuvent atteindre jusqu'à 90 % des corpus. D'autres, notamment les céramiques à pâte glauconieuse, témoignent de productions à partir d'argiles du Pays d'Auge. Mais aucune structure liée à l’artisanat potier n’a pu être mise en évidence, ni sur les sites de la Plaine, ni en Pays d'Auge, ni ailleurs en Basse-Normandie. D’autres éléments qui pourraient aider à détecter ces ateliers consistent en des fragments de sole perforée, mais leur iden- 213 L’Âge du fer en Basse-Normandie tiication n’est pas toujours facile. Leur présence n’est d’ailleurs pas obligatoirement liée à la fabrication de céramique. Des fragments de ce type sont attestés sur seulement deux sites basnormands. Quelques éléments sont en effet signalés à Thaon, enclos 8 (San Juan et al. 1999, p. 174), mais aussi à Falaise « Expansia » d’où est justement issu l’un des deux lissoirs. Ce n’est sans doute que par le croisement de l’ensemble de ces données qu’une éventuelle production peut être avancée. 5.3. le travail du cuir et des peaux Le mobilier se rapportant au travail du cuir est assez restreint et dificile à mettre en évidence. En effet, certains outils utilisés pour cette activité peuvent être polyvalents, comme les planes qui peuvent servir à amincir les peaux ou les tranchets à les découper. Des problèmes d’identiication restent toujours possibles sur certaines pièces. C’est le cas, par exemple, des alènes ou des repoussoirs, longues tiges souvent fragmentées. Sur l’ensemble de la Basse-Normandie, seul un hypothétique tranchet provenant du site 3 de Thaon (San Juan et al. 1999, ig. 23-2) peut éventuellement être attribué à ce travail. Si cette activité reste pour l’instant mal identiiée régionalement, il est cependant fort probable que la mise en forme de cette matière et la confection d’objets divers aient été exercées au sein des établissements ruraux. Le traitement des peaux est plus aisément mis en lumière par les études archéozoologiques, par l’identiication de certaines traces de découpe sur les os, de concentration de type d’ossements ou d’identiication d’espèces particulières. Ainsi, cette activité entraîne-t-elle des rejets en concentration plus ou moins importante de phalanges, « bas de pattes » ou os caudales. L’exemple du site gaulois de Villeneuve-Saint-Germain dans l'Aisne (Yvinec 1987), où un atelier dévolu à cet artisanat à été mis en évidence grâce notamment à la présence d’un grand nombre de phalanges de canidés, le démontre bien. Aucun site bas-normand, dont la faune est régulièrement étudiée, ne présente ces types de concentration. Il est possible que seuls les premiers traitements comme le dépeçage, le grattage des chairs et le séchage aient eu lieu au sein des habitats. En effet, le site de Creully « Le Clos de l'Épinette » (Jahier 2009) a livré des restes de squelettes de canidés amputés de leurs bas de pattes, ce qui fait supposer le prélèvement des peaux. L’essentiel du traitement de ces dernières se ferait alors sur des sites dédiés à ce type d’activité qui restent encore à identiier. 5.4. les restes de briquetage Les restes dits de briquetage pris en compte ici sont constitués non seulement par des fragments de godets à sel, mais également par de petites languettes et des palets en terre cuite grossièrement modelés, ayant servi à la séparation et au calage des godets. Hormis les ateliers de saunerie reconnus, qui sont situés le long de la côte (Lion-sur-Mer, Dives-sur-Mer, Villerssur-Mer, non représentés sur la carte), la présence d’éléments de briquetage est signalée sur une dizaine de sites d'habitat. Si l'un d’entre eux, Courseulles-sur-Mer « La Fosse Touzé » (Jahier 1999), se trouve au bord de la mer, la majorité se situe plus à l'intérieur des terres, à une vingtaine de kilomètres pour le site le plus éloigné. Il ne semble pourtant pas que cette distance ait été un obstacle à une quelconque production, comme l’indique le site d'Arras « Actiparc » dans le Pas de Calais, distant de plus de 100 km des côtes (Jacques et Prilaux 2003). Les huit autres sites « intérieurs » se concentrent dans la Plaine de 214 Caen, dont sept dans la périphérie de Caen. La plupart ne livrent que quelques fragments comme Cormelles-le-Royal (Lepaumier 2009), mais deux sites, Ifs « Object’Ifs Sud » et Mondeville « L'Étoile », en fournissent un grand nombre. Ces derniers diffèrent malgré tout dans la répartition temporelle de leurs rejets. En effet, les éléments retrouvés à Ifs sont répartis dans divers ensembles et sembleraient témoigner de la présence du sel dès le IVe siècle av. notre ère et jusqu’à la in de la période gauloise (Le Goff 2000-2002, p. 539). Ceux de Mondeville en revanche sont concentrés surtout en un grand rejet de près de trois cents éléments retrouvés dans une fosse de La Tène inale. Si la présence de restes de briquetage est bien attestée sur ces sites, il s'avère néanmoins, hormis le lot ponctuel de Mondeville, qu'ils n'y apparaissent qu'en quantité très restreinte au vu de leur répartition sur une longue durée d'occupation. La question se pose alors de savoir si ces restes relèvent effectivement de la fabrication du sel sur place ou bien s'ils résultent du transport de celui-ci et, dans ce cas, sous quelle forme. Il est possible d’envisager que les agrégats de sel aient été transportés dans leurs contenants auxquels seraient restés accrochés quelques débris de calage, comme cela a d’ailleurs déjà été évoqué (Carpentier et al. 2006, Besnard-Vauterin 2009a). Cette proposition, dans son sens pratique, parait tout aussi plausible que d’envisager le transport de l’eau saumâtre vers les sites de plaine. 6. le traVail du métal (ig. 9) Le travail des métaux n’est pour l'instant reconnu et attesté en Basse-Normandie que pour le fer et les alliages à base cuivre, essentiellement par l'intermédiaire des déchets que ces activités engendrent. De manière générale, les traces qui témoignent de ce travail se retrouvent tout au long de la période gauloise. Le travail du fer est perçu en premier lieu par la présence de macro-restes comme les scories qui illustrent, hormis la présence d'une petite scorie de réduction à Orval « Les Pleines » (Lepaumier et Giazzon 2007), exclusivement les activités de forge. Avec ces scories, des fragments de parois scoriacées et des éléments de ventilation sont également souvent mis au jour, sans pour autant dépasser les quatre kilogrammes pour le site le mieux fourni (Zaour et Lepaumier, à paraître). Ces éléments, relativement faciles à reconnaître, sont détectables à la fouille assez rapidement. En revanche, d’autres restes, plus inimes comme les battitures4 ne peuvent être mis en évidence que par un protocole de prélèvements et un tamisage in de ceux-ci. Si ces micro-restes sont plus délicats à obtenir, ils n’apportent pas tout à fait les mêmes informations que les précédents et peuvent être un précieux complément. De fait, un seul atelier avec un foyer de forge, son radier d'enclume, une aire de travail et de cheminement a pu être mis en évidence à Marcei « Le Maréchal », grâce à l'analyse de ces micro-éléments magnétiques (Zaour 2009, p. 72-74). D'autres objets évoquent différemment les travaux de métallurgie du fer comme la pince dite de forgeron de Giéville « La Bigne » (Gondouin 1996, p. 36). Les demi-produits de fer comme la barre à douille de type currency bar de Cormelles-leRoyal « Échangeur / aire des gens du voyage » (Carpentier et al. 2002) ou le lot de soixante-treize pièces découvert fortuitement à Bretteville-sur-Odon (Feugère 2000, p. 15) ajoutent encore un 4. Les battitures sont des oxydes de fer de très petite taille qui se forment au contact de l'air sur la masse de métal travaillée. Elles se détachent du bloc de fer lorsque celui-ci est martelé par le forgeron. Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 8 18 17 22 24 15 25 9 23 28 37 47 12 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 35 49 21 1 11 5 31 43 32 44 29 2 19 20 4 3 38 activités de forge métallurgie des alliages base cuivre lingot de fer pince de forgeron 0 50 km 0 10 cm Giéville - La Bigne 0 5 cm Falaise - Expansia Condé-sur-Ifs - La Bruyère du Hamel Fig. 9 : travail du métal. 215 L’Âge du fer en Basse-Normandie autre éclairage sur la matière première utilisée par les Gaulois bas-normands. Ainsi, les analyses pratiquées sur le currency bar de Cormelles-le-Royal montrent, malgré une épuration incomplète, une matière première de très bonne qualité (Berranger in Lepaumier 2009, p. 166-172). Pour les alliages à base de cuivre, ce sont essentiellement des creusets qui sont retrouvés. Toutes les pièces identiiées sont de petite taille et n’ont pu servir qu’à couler de petites quantités de métal. Parmi ceux-ci, un creuset particulier est à noter à Condé-sur-Ifs « La Bruyère du Hamel ». Il présente une forme réduite comme tous ceux de la région, mais son ouverture est resserrée formant un étroit goulot, qui lui confère un aspect général de poire (Dron et al., ce volume). D’autres types de déchets, beaucoup plus rarement mis en évidence, comme des scories, des éléments de parois et des gouttelettes métalliques attestent également une activité métallurgique des alliages à base de cuivre sur ces sites. Sur notre corpus de référence, trente-deux sites ont livré des déchets de forge. Il est clairement mis en évidence ici l’importance de la métallurgie du fer qui constitue, avec une présence sur 60 % des sites, l’une des activités les mieux représentées, au même titre que les activités de mouture et celles liées au textile. Si la forge paraît donc omniprésente sur les enclos gaulois basnormands, il faut noter que, jusqu’à présent, aucun site de réduction n'a été découvert en Basse-Normandie pour cette période. Les modes d'approvisionnement en matériaux restent donc encore en suspens. Cette densité de vestiges, sans pour autant livrer de grandes quantités de déchets, permet d'envisager une activité de forge plutôt modérée, tournée vers l'entretien du matériel et la fabrication des objets nécessaires au bon fonctionnement de la ferme. Ces gestes pouvaient sans doute être pratiqués par les paysans gaulois eux-mêmes pour répondre aux besoins immédiats de leur établissement. Sur les trente-deux sites en question, la moitié a également livré des éléments liés à la métallurgie des alliages à base cuivre. Il n’apparaît pas, pour l'instant, de site n'ayant livré que des éléments liés à la métallurgie des alliages à base de cuivre, hormis peut-être celui de Courseulles-sur-Mer « La Fosse Touzé ». Cependant, sur cet enclos daté du début de La Tène ancienne, seuls trois grammes de scories sont signalés. En Basse-Normandie, la métallurgie des alliages base cuivre semble donc liée à la métallurgie du fer. Ces petits creusets ont pu servir à réaliser des objets de petite taille en alliage base cuivre, mais au vu de leur relation systématique avec la métallurgie du fer, il est également possible que ce métal ait pu servir à la réalisation de petits aménagements sur les fers comme par exemple des brasures. C'est notamment le cas pour la quinzaine de torques bimétalliques fer / alliage base cuivre trouvés dans les sépultures datées de La Tène ancienne sur la nécropole d’Éterville « Le Clos des Lilas » (Jahier et Chanson 2009). 7. les outils polyValents (ig. 10) Si certains outils apparaissent comme spéciiques à une activité bien déinie, nombreuses sont les pièces, quatre-vingt-quinze au total, dont l’usage est polyvalent. Il en est ainsi des dix-huit couteaux, tous en fer, qui peuvent servir à couper à la cuisine, à l’atelier ou dehors, en usage horticole ou agricole. Dans ce lot d'outils quotidiens, un petit couteau en provenance d'Ifs « Object'Ifs Sud », issu d'un dépotoir laténien tardif de l'ensemble 6 (Le Goff 2000-2002, p. 566-568), mérite une mention 216 particulière par l'aspect iguratif de la soie, en forme de tête d'animal stylisée. Cet objet unique, qui rentre peut-être plus dans le domaine des objets personnels comme couteau-rasoir, fait partie des mobiliers particuliers auxquels on associe une connotation luxueuse. Accompagnant les couteaux ou tout autre objet tranchant, les pierres à aiguiser font également partie des objets polyvalents les plus nombreux, avec au total vingt et un exemplaires identiiés, qu’elles soient en grès pour la majorité, en quartz ou encore en schiste. Il apparaît que ces nombreux couteaux et pierres à aiguiser se répartissent sur l’ensemble du territoire bas-normand et se rencontrent de préférence au cours de La Tène moyenne et surtout inale, mais il faut souligner que ce sont aussi les périodes les mieux documentées. Viennent ensuite les éléments relatifs aux récipients de type seau : on dénombre huit cerclages, trois anses et deux attaches d’anse, réalisés en fer et dans une moindre mesure en alliage cuivreux, auxquels s'ajoutent des douelles et fonds de seaux en bois comme ceux d’Orval « Les Pleines ». Ces éléments se rencontrent sur six sites et composent au moins huit récipients différents. Les exemplaires d’Orval « Les Pleines » et Mondeville « L'Étoile », site 3, sont à ce titre remarquables d'une part en raison de leur état de conservation et d'autre part pour leur caractère particulier. En effet, des deux seaux d'Orval nous sont parvenues non seulement les parties en bois d’if, préservées par leur enfouissement en milieu humide, mais également une attache d’anse anthropomorphe en alliage cuivreux (Lepaumier et al., ce volume). En dépit de leur contexte tardif, un puits comblé de mobilier augusto-tibérien, ces seaux sont, par le style iguratif et le principe d'assemblage du bois, dans l'esprit de la tradition gauloise (Lepaumier et Giazzon 2007, p. 169-173). Quant au récipient du site 3 de Mondeville « L'Étoile », trouvé dans un dépôt de pièces métalliques, il revêt, par ses appliques décorées d’esses entrelacées et son recouvrement en tôle de bronze, un caractère d’apparat (Besnard-Vauterin 2009a, p. 126-129). De manière générale, ces éléments de seaux se retrouvent tous de préférence dans la phase inale du Second Âge du fer et à l’époque augustéenne. Le reste des outils polyvalents se compose d’une hache, de marteaux, de forces et de poinçons retrouvés en peu d’exemplaires, cela malgré un usage que l’on imagine pourtant quasi quotidien. Ainsi, un fragment d'une éventuelle hache en fer en provenance de Nécy « La Martinière » (Besnard-Vauterin 2006b, p. 53) serait l'unique individu recensé. Deux marteaux, également en fer, sont connus sur les sites d’Ifs « Object’Ifs Sud » et de Mortrée « Le Pré du Palluel » (Morzadec 2005). Seuls deux exemples de forces sont connus, conservés seulement à l’état de fragments. Une lame de force est en effet signalée sur le site de Mondeville « Le M.I.R. » et deux autres fragments sont mentionnés à Fleury-sur-Orne « CD 120 » (San Juan et al. 1994, ig. 24-2 et 3). Il s’agit d’outils polyvalents types, puisque celles-ci peuvent servir autant à la taille de la barbe qu’à la tonte des moutons, et trouvent également leur place au jardin, dans l’atelier du tisserand ou sur le chantier du poseur de chaume (Nillesse 2009, p. 68). Enin, seuls deux poinçons ont été recensés sur les sites basnormands, l'un à Fleury-sur-Orne « CD 120 » et l'autre à SaintMartin-de-Fontenay « Le Grand Barberie » (Villaregut, en cours). Tous deux sont réalisés en os. Là aussi se pose la question de la faible représentativité d’un outil a priori indispensable à de nombreux gestes du quotidien domestique ou artisanal. Ce faible nombre sur les sites pris en compte apparaît pourtant comme normal, puisque seuls cinq exemplaires de poinçons ont été recensés sur les sites du Second Âge du fer de l’Ouest (Nillesse 2009). Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 8 18 17 24 9 22 16 15 37 47 12 7 25 23 28 14 13 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 19 20 11 5 31 43 32 44 29 4 2 3 38 outils polyvalents Cormelles-le-Royal - Aire des Gens du Voyage 0 Ifs - Object’Ifs sud - ens. 5 50 km Mortrée - Le Pré du Paluel 0 10 cm Fig. 10 : les outils polyvalents. 8. la quinCaillerie et la serrurerie (ig. 11) Dans cette catégorie se retrouvent, d'une part, tous les objets du quotidien comme les chaînes, ferrures, crampons, clous et autres pièces d'assemblages et, d'autre part, les éléments de serrurerie, qui, en raison de leur caractère plus particulier, ont été différenciés des premiers. La quincaillerie se retrouve sur la moitié des sites retenus, ce qui ne constitue inalement pas un ensemble très fourni pour ce genre de mobilier sensé être omniprésent dans la vie quoti- dienne. En tout, plus d'une centaine d'objets a été référencée dont 95 % est en fer. Il faut noter la présence de trois objets en alliage base cuivre, bien que leur fonction soit incertaine. Il s'agit d'un anneau ouvert à Saint-Martin-de-Fontenay « Le Grand Barberie », puis d'un grand anneau et d'une petite agrafe sur l'ensemble 5 d'Ifs « Object'Ifs Sud » (Le Goff 2000-2002, p. 301, ig. 187). Cette dernière représente un animal fantastique en mouvement, évoquant un poisson avec les nageoires épousant les contours de l'agrafe. Si l'usage en tant que parure vestimentaire ne doit pas être écarté, cette pièce pourrait correspondre à une agrafe décorative de petit mobilier. 217 L’Âge du fer en Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 25 23 28 37 47 12 15 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 31 43 32 29 44 2 19 20 4 3 serrurerie quincaillerie 38 0 Mortrée - Le Pré du Paluel Mondeville - l'Etoile 3 Del . M. Besnard / INRAP-2005 0 10 cm Orval - Les Pleines Fig. 11 - quincaillerie et serrurerie Fig. 11 : quincaillerie et serrurerie. 218 50 km Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 15 14 13 25 23 28 37 47 12 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 2 31 43 32 44 29 19 20 4 3 38 mobilier métallique mobilier en terre cuite 0 50 km Object’Ifs Sud - ensemble 6 Long. 49,5 cm Saint-Martin-des-Entrées - Le Parc sur l’Herbage dessin d’après radiographie - E. Ghesquière 0 10 cm Fig. 12 : préparation des aliments. 219 L’Âge du fer en Basse-Normandie Parmi les éléments de serrurerie, seuls des lève-loquets, au nombre de huit, ont été découverts. En Basse-Normandie, ils sont signalés depuis La Tène ancienne jusqu'à la in de la période gauloise. La plupart de ces pièces est constituée d'une tige droite munie d'un œillet sur son extrémité proximale, puis coudée à sa partie distale. L'exemplaire d'Orval « Les Pleines » et un autre, fragmenté, du site 3 de Mondeville « L'Étoile » présentent quant à eux la particularité d'être torsadés au niveau de la tige. Cette spéciicité n'est pas unique puisqu'on la retrouve régulièrement sur des nécropoles hauts-normandes comme par exemple sur les sites de Bois-Guillaume « Les Bocquets » (Merleau 2002, p. 202) ou de Cottévrard « La Plaine de la Bucaille » en Seine-Maritime (Blancquaert 2002, p. 376). Elle ne semble pas correspondre à une distinction typo-chronologique, puisqu'elle se trouve aussi bien en contexte de La Tène ancienne (Orval), qu’en contexte de La Tène inale (Mondeville). L'ensemble des clefs a été retrouvé sur sept des quarante-neuf sites, dont cinq appartiennent au secteur du sud-est de la Plaine de Caen. À titre d'information, on peut mentionner la découverte récente de six lèves-loquets sur le site « ZL7/CD120 » à Fleury-surOrne, actuellement en cours d'étude. La forte dichotomie qui existe quant à la présence relativement importante de ces clefs sur ce secteur de la Plaine de Caen, face à l'indigence notée pour le reste de la région, soulève des questions sur la notion de statut et de propriété au sein de ces habitats. Ainsi, leur présence évoque peut-être une notion de propriété plus marquée sur cette partie de la Plaine de Caen. Cet élément apporterait ainsi un indice supplémentaire pour voir dans ce secteur une zone d'habitat plus prospère que les autres. À ce sujet, citons ici le postulat selon lequel « le contrôle de l'accès aux animaux ne nécessite pas la fermeture d'une porte au moyen d'une clef ; il s'agit donc bien d'un système destiné aux individus. Cela implique que l'on cherche à soustraire un lieu à l'emprise d'autrui » (Malrain et al. 2002, p. 138). De plus, ces clefs sont destinées, par la présence d'un anneau de suspension, à être portées à la ceinture, ce qui leur donne un caractère ostentatoire de la possession et de la propriété. Cette notion est renforcée par la taille imposante de certaines clefs comme celle de Mortrée « Le Pré du Palluel » (Morzadec 2005, p. 46), longue de 36 cm, tout comme l'une des récentes découvertes de Fleury-sur-Orne. Elles perdent alors peut-être leur caractère fonctionnel pour un autre plus symbolique. Dans cet esprit, il est intéressant d'observer que dix clefs sur les quatorze connues en contexte d'habitat ont été découvertes au sein de regroupements de mobiliers considérés comme des dépôts (Mondeville « L'Étoile », le « M.I.R. », Fleury-sur-Orne). 9. la préparation de la nourriture (ig. 12) Comme évoqué en introduction, la vaisselle en terre cuite n’a pas été prise en compte. Le mobilier classé dans cette catégorie comprend des restes de plaques de foyer en terre-cuite, ainsi qu’un lot d’objets métalliques. De même que l’activité agricole, la préparation des aliments devait être une des activités les plus importantes des habitants, or seuls dix sites ont livré du mobilier culinaire. Les ustensiles métalliques se concentrent en premier lieu en Plaine de Caen et sur son prolongement au nord-ouest formé par le Bessin, puis, plus à l'est, dans le Pays d'Auge avec le seul site de Saint-Gatien-des-Bois. Tous sont issus de contextes datés de La Tène moyenne à La Tène inale. Ils sont d'une part 220 constitués d’objets pour préparer les aliments, comme les couteaux de boucher en provenance de Mondeville « L'Étoile », site 1, et « Le M.I.R. », et d'autre part d'ustensiles de cuisson, tels qu'un possible gril à Fleury-sur-Orne « CD 120 » (San Juan et al. 1994, ig. 27, n° 22), une crémaillère à Saint-Martin-desEntrées (Marcigny et al. 2002, ig. 37), une broche à SaintGatien-des-Bois (Paris 1997, ig. 32) et deux fourchettes à chaudron, l'un à Ifs « Object'Ifs Sud », ensemble 6 (Le Goff 2000-2002, ig. 412) et l'autre à Thaon, enclos 3 (San Juan et al., 1999, p. 167). Ces fourchettes sont de deux types : à manche métallique comme celui d'Ifs ou à manche en matériau périssable comme à Thaon. Les ustensiles de services sont rares. L'unique élément de ce type est un poucier de passoire, provenant du site de Fleury-sur-Orne « CD 120 » (San Juan et al. 1994, p. 155). Servant à iltrer le vin avant de le boire, cet objet est l’un des seuls éléments du service du vin retrouvé dans l’Ouest de la Gaule (Nillesse 2009, p. 64). Les plaques de foyer ne sont mentionnées que sur trois sites bas-normands, notamment à Plomb « Le Champ du Puits » (Jahier 2001), Falaise « Expansia » et Marcei « Le Maréchal ». Ce type de plaque, igurant des pièces mobiles liées à la cuisson, se présente sous forme quadrangulaire à bord arrondi comme à Plomb ou à Falaise, ou bien sous forme circulaire comme à Marcei. Elles s'y retrouvent dès les phases de La Tène moyenne. Si les plaques de foyers sont rares en Basse-Normandie, on constate surtout - sans pouvoir l'expliquer - leur absence en Plaine de Caen, mise à part son extension au sud, sur les Plaines d’Argentan et d’Alençon. Ce secteur méridional rejoint alors la région limitrophe du Pays-de-la-Loire, où ces plaques constituent des découvertes fréquentes, notamment dans la Sarthe (Maguer et al. 2003, p. 228). Le même constat est valable pour Plomb, situé dans la frange occidentale de la Manche, qui adhère alors à la région de Bretagne, où de nombreux sites, notamment en Ille-et-Vilaine, en ont livré (enquête nationale sur les sites ruraux du Second Âge du fer). 10. le harnaChement et le transport (ig. 13) 10.1 le harnachement Bien que l'on puisse imaginer que les animaux de traction aient occupé une place importante au sein de la société gauloise, très peu de sites ont livré du mobilier de harnachement. Seuls trois sites, dont deux en Plaine de Caen, ont fourni ce type d'artefact, tous en fer, et uniquement en rapport avec le cheval. Hormis un élément de mors indéterminé à Mondeville « Le M.I.R. », on peut donc noter la présence de mors de chevaux à canon brisé sur les habitats de Creully « Le Clos de l'Épinette » et de Mondeville « L'Étoile », site 3 (Besnard-Vauterin 2009a, p. 12). Il faut certainement mettre en rapport ce faible nombre de restes avec le fait que de nombreux éléments de harnachement étaient réalisés en matériaux périssables, tels le cuir et le bois. 10.2. le transport De même que pour la catégorie précédente, les traces relatives au transport sont ténues pour les sites retenus. Seulement deux sites, tous deux en Plaine de Caen, peuvent être catalogués : le site de Creully « Le Clos de l’Épinette » qui a livré des bandages de roues en fer et celui du site 3 de Mondeville « L'Étoile », où ont été mis au jour non seulement des bandages de roues mais également une sorte de frette, également réalisés en fer. Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 8 18 17 24 9 22 15 14 25 37 47 12 23 28 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 35 49 21 1 5 44 31 29 11 2 19 20 4 3 43 32 38 équipement du guerrier transport 0 harnachement 50 km Fleury-sur-Orne - CD120 Mondeville - l'Etoile 3 Mondeville - l'Etoile 3 Del . M. Besnard / INRAP-2005 0 10 cm Fig. 13 : transport, harnachement / équipement du guerrier. 221 L’Âge du fer en Basse-Normandie Vu la faiblesse numérique de ce lot il est dificile de présenter plus qu'un simple inventaire des découvertes. Ainsi, une synthèse autant chronologique que géographique serait ici prématurée. d’un seul et même lot, un dépôt en fossé de La Tène inale issu de l’ensemble 5 d'Ifs « Object’Ifs Sud ». En déinitive, leur illustration sur les sites d’habitats de la région reste faible, puisqu’ils n’apparaissent que sur cinq sites du corpus, pour toute la période du Second Âge du fer. 11. l’équipement du guerrier (ig. 13) Le reste du mobilier est très restreint et n’apparaît le plus souvent qu’en un seul exemplaire à chaque fois. Seules les perles ont été recueillies en deux exemplaires : une en verre à Falaise « L’Attache » (Besnard-Vauterin 1994), plutôt associée à la in de la période gauloise, et une en os sur le site 3 de Mondeville « L'Étoile », en contexte de La Tène moyenne. Bien que morphologiquement proche des anneaux, une seule bague a été véritablement identiiée comme telle. Il s'agit d'une pièce en serpentine en provenance d'Ifs « AR 67 » (Besnard-Vauterin 2009b), qui par sa matière, une roche d'importation, constitue une pièce unique. Les seuls témoins des pièces servant au maintien vestimentaire, les ibules mises à part, sont une épingle en alliage cuivreux à Thaon, enclos 6, et un petit bouton conique à Cormelles-le-Royal. Une paire de brucelles issue du même dépôt que les douze anneaux d’Ifs « Object’Ifs Sud » igure le seul ustensile de tout ce corpus lié aux soins du corps. On entend par équipement du guerrier, les armes elles-mêmes comme les épées, les fers de lance mais également les pièces associées comme le fourreau de l'épée et tous ses accessoires. À titre d'hypothèse, il est envisagé que certaines pièces, comme les poignards que l'on associe à l'équipement du guerrier, aient pu avoir un usage plus commun, nécessaire à la vie courante et à la chasse (Nillesse 2009, p. 67). Pour la Basse-Normandie, seuls de très rares objets ont été trouvés en contexte d'habitat, ce qui fait pendant aux découvertes en contexte funéraire, également exceptionnelles. Ainsi, seul un site d'habitat a livré de façon certaine des éléments d'équipement du guerrier. Il s’agit d’un fer de lance et d’une éventuelle bouterolle de fourreau retrouvés à Fleury-sur-Orne « CD 120 » (San Juan et al. 1994, p. 152, ig. 23-1 et 7). Sur le site 3 de Mondeville « L'Étoile », un fragment d'une éventuelle lame d'épée datée de La Tène moyenne a été découvert au sein d'un dépôt (Besnard-Vauterin 2009a, p. 127). En dehors de ces deux contextes de la Plaine de Caen, l'habitat de Saint-Gatiendes-Bois dans le Pays d'Auge a livré un éventuel élément de bouterolle de fourreau d'épée. Comme pour la catégorie précédente, il paraît dificile de tirer une conclusion à partir d'un échantillon aussi restreint. Cependant, au regard des soixante et une mentions d'équipement du guerrier pour l'Ouest de la Gaule (Nillesse 2009, p. 67-68), il apparaît que la Basse-Normandie n'est que peu dotée en pièces d'armement, alors même que le reste du mobilier métallique y semble bien représenté. 12. les objets personnels (ig. 14) Dans cette catégorie ont été classés les objets en lien direct avec la personne, qu’ils servent au maintien vestimentaire ou à la mise en valeur et aux soins corporels. Certains apparaissent d’usage courant tel que les ibules, les bracelets, les perles ou les anneaux, qu’ils soient utilisés comme amulettes ou comme attaches. D’autres sont moins fréquents comme les brucelles, les épingles ou les boutons. La plus grande partie des objets retrouvés concerne des ibules, en alliage cuivreux ou en fer, ainsi que des bracelets, en alliage cuivreux, verre ou lignite. Mais de nombreuses pièces ne nous sont parvenues que sous forme de fragments. Ces deux types de parures regroupent à eux seuls près des trois quarts des éléments de ce thème. Au cours du temps cependant, ils diffèrent dans leur évolution. Les bracelets sont rencontrés d’une manière plutôt continue sur toute la période concernée. Quant aux ibules, elles n’apparaissent que faiblement au début de La Tène ancienne, essentiellement en alliage cuivreux, puis augmentent progressivement. Le fer devient prédominant à La Tène moyenne. C’est surtout à la in de la période, au cours de La Tène inale, que ces objets deviennent fréquents, avec un grand retour des alliages cuivreux et une continuité du fer. Avec dix-sept exemplaires, les anneaux paraissent également assez présents. Cependant, douze d’entre eux proviennent 222 Cet ensemble représente quatre-vingt-cinq objets répartis sur vingt sites, localisés, pour la plus grande partie, dans la Plaine de Caen et son extension méridionale vers les Plaines d'Argentan et d’Alençon. Seuls Orval « Les Pleines » dans la Manche et Saint-Gatien-des-Bois « Le Vert Buisson » dans le Pays d'Auge s’en démarquent. Ce type de mobilier, qui apparaît sur près de la moitié des sites retenus et d’une manière quasi ponctuelle, ne semble pas témoigner de caractéristiques d’une aisance particulière ou d’une orientation d’activités spéciique des lieux. Pour cette raison, ces objets, même s’ils évoquent une attention particulière de la personne et de l'habillement, et sans doute un certain niveau de vie, ne peuvent pas être assimilés à des objets caractérisant un haut statut dans ces contextes d’habitat. Leur répartition, si elle reste particulière, ne peut donc servir à elle seule de déterminant statutaire. 13. l’outillage lithique (ig. 15) La très grande majorité de l’outillage lithique mis au jour dans les contextes du Second Âge du fer sont des pièces issues des opérations de débitage et de façonnage. Sont ainsi recensés des percuteurs, des nuclei, de très nombreux éclats, ainsi que quelques outils tels que les grattoirs et les racloirs. Il faut également dénombrer quelques exemplaires de haches polies principalement réalisées en silex, bien que des exemplaires en dolérite ou en granite soient connus. À noter qu’un marteau en quartz est recensé sur le site de Saint-Martin-des-Entrées « Le Parc sur l’Herbage ». La présence d’outillage lithique s’observe de manière régulière sur les sites étudiés, puisque celui-ci concerne dix-neuf sites. Se pose pourtant le problème de sa supposée résidualité, ou de la continuité de sa fabrication et de son utilisation à l’époque gauloise. Car si ce matériel lithique est plutôt retrouvé dans le comblement des structures protohistoriques, aucun exemple d’amas en place, mettant en évidence une chaîne opératoire, n’est connu sur ces sites. Cette observation ne remet pourtant pas en cause une possible fabrication, ni une probable réutilisation des pièces préhistoriques à l’époque gauloise. Ce réemploi peut impliquer aussi bien une continuité dans l'utilisation des pièces d'outillage, comme les haches polies par Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 15 25 23 28 37 47 12 14 13 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 29 44 31 5 2 43 32 38 19 20 4 3 anneau et bague épingle fibule bouton bracelet brucelles perle Mondeville, l'Etoile 2 (alliage base cuivre) Del . M. Besnard / INRAP-2005 Fleury-sur-Orne, CD 120 (alliage base cuivre) 0 Mondeville, l'Etoile 1 (lignite) Del . M. Besnard / INRAP-2005 50 km Mondeville, l'Etoile 3 (lignite) Del . M. Besnard / INRAP-2005 Mondeville, l'Etoile 3 (os) Del . M. Besnard / INRAP-2005 Necy, La Martinière (alliage base cuivre) Orval, Les Pleines (verre) Ifs, AR67 (serpentine) Falaise, l’Attache (verre) 0 10 cm Fig. 14 : les objets personnels. 223 L’Âge du fer en Basse-Normandie 16 22 8 18 24 9 17 15 14 13 25 23 28 37 47 12 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 31 43 32 44 29 2 19 20 4 3 38 outillage lithique 0 50 km Fig. 15 : l’outillage lithique. exemple, ou bien un tout autre usage, comme pierres de calage de poteaux pour les plus grosses pièces (percuteurs, nuclei ou haches polies). 14. les amphores et les Céramiques d’importation (ig. 16) Des fragments d’amphores se retrouvent sur seize sites d’habitat enclos de Basse-Normandie. L’ensemble des découvertes est disséminé sur tout le territoire régional. Aucune distinction ne peut être notée entre la Plaine de Caen, où on dénombre seulement six sites, et les autres secteurs de la région. Ces restes sont peu nombreux sur chaque site et se chiffrent le plus souvent en unités. Le lot le plus important, retrouvé à Ifs « Object’Ifs Sud », ensemble 5, est constitué de 45 tessons. Bien qu'un certain nombre d'ensembles n'ait pas fait l'objet d'une étude approfondie, il semblerait que la plupart des contextes de découverte du mobilier amphorique est datée de La Tène inale, comme à Mortrée, Saint-Benoît-d’Hébertot (Ollagnier 1996) ou Putot-en-Bessin (Hérard 1996). Ces emballages, de type gréco-italique ou Dressel 1 transportaient du vin italique. Sur les rares sites dont l’occupation s’achève à la période augustéenne, la quantité de restes d’amphores n’est pas vraiment plus conséquente, mais une diversiication des approvisionnements en vin commencent à apparaître avec l’arrivée 224 des amphores espagnoles comme à Orval « Les Pleines » et Ifs « Object’Ifs Sud », ensemble 5. À la lumière de cet examen, et malgré l’arrivée plutôt tardive de ces éléments pour la période étudiée, la Basse-Normandie semble curieusement bien pauvre de ce type de mobilier en comparaison avec les régions limitrophes. Cette relative rareté des amphores fait écho à l’indigence des céramiques ines d’importation. En effet, dans l'état actuel des connaissances, aucune céramique d'importation à proprement parler n'est connue sur le territoire de la Basse-Normandie au Second Âge du fer. Il faut vraiment attendre la toute in de cette période pour voir apparaître les premières céramiques importées, témoins de la romanisation des populations. Mais rappelons ici que les fouilles récentes ont été particulièrement nombreuses en Plaine de Caen, tandis que le sud de la région, notamment l'Orne, reste encore relativement méconnu, et pourtant plus susceptible d’avoir reçu des produits plus « méridionaux ». On déplore ainsi, pour la Basse-Normandie, au cours du Ier siècle av. J.-C., l'absence des céramiques à parois ines tardorépublicaines ou encore d’imitations de céramique campanienne, productions accompagnant pourtant les amphores italiques dans d'autres régions de la Gaule, notamment dans le Val-de-Loire, à Orléans dans le Loiret (Riquier 2005, p. 13), bien qu'en faible quantité, ou encore à Angers dans le Maineet-Loire (Bouvet et Mortreau 2001). Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie 16 8 18 17 24 9 22 15 14 13 25 23 28 37 47 12 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 5 31 43 32 44 29 38 1 11 4 2 3 19 20 Âge du fer antique datation indéterminée (Âge du fer ou antique) 0 50 km Fig. 16 : les amphores. Un autre type de céramique importée caractéristique de la in du Second Âge du fer est également absent des contextes basnormands. Il s'agit des céramiques peintes, présentant souvent des décors géométriques, et provenant du Centre de la Gaule. Ces élégantes productions sont pourtant connues en HauteNormandie voisine, en contexte funéraire et d’habitat, entre la in du IIe siècle av. J.-C. et le début du siècle suivant. Ainsi, les premières importations connues en Basse-Normandie apparaissent autour du troisième quart du Ier siècle av. notre ère, soit après la conquête romaine. Ce sont des importations gauloises, puisqu’il s'agit des céramiques dites de « type Besançon », jattes ou pots modelés qui seront ensuite repris par les potiers dans le répertoire régional. Il faut en fait attendre l’époque augustéenne pour voir arriver de façon plus constante quelques productions italiques et surtout les productions du Centre de la Gaule. Ainsi, des sigillées italiques et/ou lyonnaises sont ponctuellement connues sur des sites ruraux, comme ceux de Gouvets (Fichet de Clairfontaine et al. 2002) et d’Orval, dans la Manche, ou encore de Fleury-sur-Orne (Simon et al. 2002) dans le Calvados. À côté de ces quelques témoins d’importations italiques, les productions d’origine gauloise sont bien plus nombreuses et présentes sur la quasi-totalité des sites occupés à l’époque augustéenne : sigillées des ateliers du Sud de la Gaule, parois ines de « type Beuvray », cruches à engobe blanc et terra nigra du Centre de la Gaule, terra nigra et terra rubra champenoises… 15. les dépôts (ig. 17) Pour déinir ici la notion de dépôt, n’ont été retenus que les ensembles de mobilier d'au moins quatre objets, enfouis au même endroit et en même temps. Huit sites bas-normands rentrent dans ces critères. L'exemple le plus signiiant est le dépôt monétaire de Ifs « Object'Ifs Sud », ensemble 5, qui a livré 67 pièces en or, argent et bronze, associées entre autre à de l'outillage en fer, une pince à épiler en bronze et une amulette en calcaire. D'autres concernent des assemblages d'objets bien plus communs, comme le dépôt de Quetteville « La Gohaigne » qui comportait des divers outils agricoles comme une pelle ferrée, un soc d'araire, un fragment de meule, un emmanchement à douille et d'autres objets indéterminés en fer. Un dépôt qui associait de l'outillage à des objets moins « ordinaires » est celui du site 3 de Mondeville « L'Étoile » (Besnard-Vauterin 2009a, p. 126-131). En effet, celui-ci est constitué en partie d'objets relativement fréquents tels qu’une serpette, des clefs, une gouge, des pièces de seau et des éléments indéterminés. Mais son aspect plus exceptionnel se révèle dans la présence d'un fragment de mors et d'une éventuelle lame d'épée, ainsi que d’un ensemble de restes métalliques décorés d'un récipient en bois, s’apparentant sans doute à un seau de caractère luxueux (cf. supra). Hormis ces découvertes marquantes, l'inventaire du mobilier par lots a fait ressortir d'autres « curiosités », moins frappantes 225 L’Âge du fer en Basse-Normandie 16 22 8 18 17 24 9 15 14 25 23 28 13 37 47 12 7 30 27 26 40 10 48 41 42 33 6 39 46 34 45 36 49 35 21 1 11 5 31 43 32 44 29 2 19 20 4 3 38 dépôts (min. 4 objets) 0 50 km Mondeville - l’Etoile 3 1 2 Quetteville - La Gohaigne Reconstitution hypothétique du seau décoré fer 6 0 DAO. M.Besnard / INRAP 2007 Fig. 17 : les dépôts. 226 10 cm bronze 10 cm Del . M. Besnard / INRAP-2005 Chris-Cécile Vauterin et al. La culture matérielle de l'Âge du fer : un outil de réflexion sur les sites d'habitat de Basse-Normandie mais tout aussi intéressantes. Le rassemblement de plusieurs objets dans une seule fosse ou à un endroit précis d'un fossé suscite en effet un intérêt particulier dans le sens où il évoque toujours la question de l'origine de son enfouissement. Cette question se pose d'autant plus quand il s'agit d'un assemblage d'objets intacts, comme par exemple le dépôt de Caen « Beaulieu » constitué entre autre d'un faucard, de deux serpettes et d'une herminette, tous en parfait état. Ces ensembles peuventils être interprétés comme de simples rejets ou doit-on voir, à travers ce type de dépôts, un geste à connotation particulière ? L'idée d'un acte rituel de nature agricole est notamment évoquée pour le dépôt de Quetteville « La Gohaigne » en raison du type de mobilier et de son contexte de déposition, en silo (Nillesse 2006, p. 238). Une autre hypothèse est celle d'un geste secondaire dans un usage funéraire, ce qui a été suggéré pour le dépôt de Mondeville « L'Étoile » en raison des afinités avec les mobiliers déposés au sein des tombes à éléments de char de Haute-Normandie (Besnard-Vauterin 2009a, p. 131). Le but ici n’est pas de vouloir aborder cet aspect en détail, mais il semblait intéressant de faire un état des lieux dans la mesure où l’analyse de cette base de données a permis de le mettre en évidence. Il est donc intéressant de noter qu’au vu de la répartition spatiale de ces dépôts, sur les huit sites à en avoir livré, hormis celui du Pays d'Auge, tous se situent en Plaine de Caen, dont cinq concentrés au sud-est de Caen. Le sujet est donc approfondi dans le thème traitant ce secteur (Lepaumier et al., ce volume). 16. ConClusion Grâce à l'élaboration de cartes de répartition et à un début d’analyse des données, cette première utilisation de la base informatisée a permis de mettre en avant plusieurs points. Dans un premier temps, la présence de divers mobiliers, tant dans leur forme que dans leur matériau, laisse bien transparaître qu’il n’y a dans l’ensemble pas de problèmes majeurs de conservation au niveau régional. Dans un second temps, les activités identiiées révèlent des différences notoires dans leur représentativité. Par exemple, les mobiliers domestiques à usage courant comme la quincaillerie et les outils polyvalents tels les couteaux et pierres à aiguiser sont, comme il était possible de l’attendre, plutôt bien représentés. Pour les activités artisanales domestiques, les plus représentées sont la mouture, l'artisanat du textile et le travail des métaux. En revanche, certaines activités comme la production de céramique n'ont laissé que très peu de traces malgré l'omniprésence des produits inis. Pourtant, l'emploi d'argile locale ou régionale dans la fabrication potière semble largement attesté à travers des analyses pétrographiques, comme il apparaît pour les séries de la Plaine de Caen. Ces productions locales, largement dominantes, côtoient néanmoins des céramiques à pâtes exogènes comme celles à base d'argile glauconieuse. Ces dernières témoignent d'échanges avec le Pays d'Auge, mais là non plus, aucun atelier potier n'est réellement attesté. De même, le travail du bois, qui était pourtant sans doute une activité importante notamment pour la construction des bâtiments, n'est que peu représenté dans les restes mobiliers. Ceux-ci se limitent à quelques rares gouges, herminettes et ciseaux. Ce même constat de faible représentation est valable également pour les travaux agricoles, alors qu’ils devaient probablement constituer l'activité la plus importante de la ferme. Ces travaux ne sont indiqués que par de rares objets comme des serpes, faucilles et faux, et plus exceptionnellement par des socs et pelles, et encore, sur des sites dont l'occupation s'échelonne parfois sur plusieurs siècles. À ce constat touchant la nature des activités s'ajoutent les observations en rapport avec la répartition spatiale des mobiliers, qui nous révèle des disparités régionales manifestes. Les plus visibles concernent les activités agricoles et le travail du bois. En effet, les objets représentant celles-ci sont essentiellement localisés dans la Plaine de Caen et plus particulièrement dans le secteur sud-est de Caen. Le même fait est remarqué pour les objets métalliques culinaires tels que les broches à rôtir, crémaillère et autres couteaux de boucher. Le harnachement en contexte domestique n'est, lui aussi, présent qu'au sein de la Plaine de Caen, bien qu'en très petite quantité. De même, si les objets personnels sont présents sur beaucoup de sites en Basse-Normandie, ils sont néanmoins plus fréquents dans ce secteur restreint. À titre hypothétique, quelques premières interprétations peuvent être avancées aux raisons de la présence plus fréquente de ces objets en Plaine de Caen. En premier lieu, un usage moins intensif avec un remplacement plus fréquent de l'outillage et ustensiles métalliques pourrait expliquer la présence de ces rejets. En second lieu, un « pouvoir d'achat » peut-être plus élevé pourrait être à l’origine du renouvellement de ceux-ci. Enin, la localisation au sein de la vallée de l'Orne, qui a dû constituer un véritable couloir de circulation, a certainement facilité les échanges et donc l'approvisionnement en matériaux ou en objets inis. Ceci a pu inciter à un renouvellement plus fréquent et, de ce fait, engendrer une gestion moins sévère que dans le reste de la région. Ce constat trouve un écho dans la répartition des dépôts d'objets, révélant en effet que sept sur les huit sites recensés se situent en Plaine de Caen et notamment dans le secteur au sud-est de Caen. Ces dépôts et l'intérêt, voire la valeur des pièces qu'ils comportent, traduisent une certaine prospérité des habitats et de ses résidents, ce qui ne ressort pas dans la même mesure sur les autres sites bas-normands. Cette observation d'une relative abondance du mobilier permet de qualiier la Plaine de Caen et son prolongement occidental sur le Bessin comme un terroir privilégié pour les établissements agricoles, constat qui ressort également à travers les vestiges et la structuration de ces habitats (Lepaumier et al., ce volume). D'autres terroirs propices à l'exploitation agricole et à l'essor des habitats se manifesteront ainsi sans doute dans les prochaines années de recherche ou se devinent déjà pour certains secteurs comme celui autour de Coutances dans la Manche avec les sites d'Orval et Briqueville-la-Blouette. Hormis cet aspect de l'appréciation du degré « d'aisance » d'un site d'habitat ou d'un réseau d'habitats, bien qu'il faille la prendre avec beaucoup de prudence, cet outil peut également apporter, au niveau du site, des observations qui peuvent nous échapper autrement. En effet, il peut constituer une aide à l'interprétation de certains sites mal appréhendés au travers de fenêtres de décapage trop restreintes par les contraintes liées à l'emprise des aménagements. Ainsi, certaines installations en apparence proches d'un réseau parcellaire se sont révélées à travers le mobilier de véritables sites d'habitat. D'autres par la caractérisation de certains types de mobilier ont révélé des secteurs à activité spéciique, comme la forge à Marcei et à Orval. 227 L’Âge du fer en Basse-Normandie Ce type d'étude apporte donc d'importantes informations sur une culture, une société particulière, mais il convient de rappeler que ce n'est qu'en associant ces résultats avec ceux de toutes les autres recherches que peut être envisagée la représentation la plus crédible et la plus proche de la réalité. Enin, c'est aussi à travers l'étude de l'instrumentum qu'un regard peut être apporté sur les échanges régionaux et le commerce à longue distance qui ont animé ces sociétés. Dans cet esprit, cet outil a permis de mettre en relief un fait curieux, en relation directe avec les modes de vie ou les habitudes relationnelles de ces communautés bas-normandes. En effet, alors qu’il serait attendu ici une quantité élevée ou tout au moins une présence non négligeable d'importations d'amphores en rapport avec la relative opulence constatée notamment sur la Plaine de Caen, il n'en est rien. Seuls de rares fragments ont été rencontrés sur l'ensemble du territoire régional, toutes zones géographiques confondues. Cette rareté en amphores peut induire soit un contact restreint, voulu ou non, avec les contrées plus méridionales par rapport aux régions voisines, soit une différence dans les types de consommation. 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